Nous vous l’apprenions via notre page Facebook (voir ici) il y a quelques semaines, le jeune pilote Belge Loris Cresson a perdu son guidon au sein du Team Bruno Performance pour sa saison de Moto3 en CEV. La raison évoquée alors très rapidement par le garçon était la suivante : un différend concernant la cause de ses résultats en demi-teinte depuis le début de la saison.
Loris Cresson sous les couleurs du Team Bruno Performance fait désormais partie du passé. (Photo : Loris Cresson).
À l’occasion de la 5ème manche du Championnat de France FSBK, qui a lieu ce week-end sur le circuit de Magny-Cours, OffBikes a rencontré Loris et lui a posé quelques questions au sujet de cette séparation, ainsi que de son avenir.
« Nous n’étions tout simplement pas d’accord sur la raison pour laquelle ça n’allait pas, qui se situait pour moi au niveau des réglages de la moto. Je n’avais pas vraiment d’ingénieur dans cette structure, et je me suis vite rendu compte que l’équipe était partie dans une mauvaise voie. Quand j’en ai parlé, je n’ai pas été écouté. J’avais beau faire un retour sur ce qui ne fonctionnait pas, expliquer mes différents ressentis sur la moto, j’avais l’impression de ne pas être pris au sérieux, et plus ça allait, plus les réactions de la machine empiraient… », explique le jeune homme en haussant les épaules.
Loris n’a pas la réputation d’un pilote nerveux ou particulièrement explosif une fois descendu de la moto. Pourtant, lors de la manche d’Aragon, la goutte d’eau fait déborder le vase.
« Une fois de plus, rien ne fonctionnait comme je le souhaitais. Je n’avais aucun feeling avec la moto, et j’avais beau expliquer, l’équipe n’avançait pas dans mon sens et commençait à suggérer ouvertement que le problème venait de moi et de mon pilotage. Je me suis remis en question, mais même en y réfléchissant, je savais bien que le problème était lié aux réglages de la moto. Ce qui m’a rassuré, c’est que spécialement pour ce week-end d’Aragon, l’équipe avait engagé un véritable ingénieur. Et lui me rejoignait dans mon analyse des soucis de la machine ! Il a fait comprendre aux mécaniciens que certaines choses n’allaient pas, les mêmes exactement que je pointais depuis le départ. Mais rien n’y a fait : l’équipe ne semblait pas prête à faire l’effort d’effectuer les changements nécessaires. Le problème venait de moi. C’était trop. »
Suite à ce nouvel épisode, Loris et son père prennent donc, conjointement à Bruno Performance, la décision de quitter la structure. Pour le pilote, c’est un grand sentiment de frustration, et une impression d’échec qui découlent de cette mauvaise expérience, mais visiblement aucune rancoeur.
« Je ne souhaite pas remettre en question l’équipe Bruno Performance qui est une équipe très professionnelle, notre collaboration n’a simplement pas fonctionnée » tient-il à préciser. « Mais la suite m’a prouvé que j’étais dans le juste : lorsque j’ai récupéré ma Moto3, je l’ai amenée à l’ingénieur qui me suivait l’année dernière, Laurent Pradon, qui a remis les réglages à zéro. Quand il m’a expliqué les incohérences qu’il avait constaté en termes de réglages, cela reflétait parfaitement tous les problèmes que je pointais sans arrêt… J’avais donc raison. Mais peu importe, à présent, je repars de zéro, et ce sera justement la meilleure façon de prouver à nouveau que je suis un pilote performant. »
En effet, dès lors qu’il s’est séparé de son Team, Loris a envisagé l’avenir à court terme, faisant en sorte de régler à nouveau la moto et d’intégrer tout de suite une nouvelle structure, qui ne porte même pas encore de nom et se compose simplement de son père, de Laurent Pradon et d’un ingénieur intermittent, et avec laquelle il s’est donc rendu sur le circuit de Magny-Cours ce week-end pour un WildCard. Un petit passage sur un circuit Français qu’il faut considérer comme un test des nouveaux réglages destinés à la suite du Championnat CEV. Malgré de bons essais le samedi (voir ici), il loupe son départ puis commet quelques erreurs en Course 1 qui se soldent par une chute. Il se rattrape lors de la Course 2 en terminant en 4ème position. Un bon entrainement pour la suite qui ne manquera pas de mettre le pilote belge en confiance.
Les nouvelles couleurs de la Honda TSR de Loris Cresson pour Magny-Cours. (Photo : Loris Cresson).
« Je vais terminer la saison en CEV, je n’ai raté qu’une manche et je suis déterminé à participer à toutes les autres, probablement au sein de cette même équipe, à moins que nous n’ayons d’autres propositions intéressantes. Cette expérience chez Bruno Performance, plutôt que de me miner, m’a donné la volonté de poursuivre différemment. Evidemment, ça a été compliqué, mais grâce à mes déboires de l’année passée, avec la FFM entre autres, j’ai acquis un mental solide. C’était seulement un obstacle de plus, il est surmonté, maintenant je peux passer à la suite. »
Une mentalité admirable à l’âge de Loris qui, rappelons le, n’a que 15 ans. Difficile, alors qu’on entre dans l’adolescence, d’être toujours parfaitement crédible auprès d’équipes expérimentées. Qui plus est, et c’est le propre père de Loris qui conclut de la sorte, « le CEV est un excellente école, mais c’est aussi le meilleur Championnat pour être démoralisé. » Avec environ 60 pilotes inscrits dans la catégorie Moto3, dont seulement 45 se qualifient la plupart du temps pour les courses, comment briller dès la première année si l’on n’est ni Espagnol, ni dans une énorme équipe « officielle » ?
Loris Cresson en plein concentration dans son box lors d’une manche du CEV. (Photo : Loris Cresson)
Et lorsqu’on est pilote, comment se satisfaire d’une 35ème place en course ? Autant de questions complexes liées à l’énorme niveau de ce Championnat, considéré comme la meilleure voie – avec la RedBull Rookies Cup – pour une carrière en Grand Prix.
